Le cancan du Coderc une chronique de Pascal Serre
C'était annoncé en toutes lettres dans la presse locale :
Xavier Darcos sera à Périgueux ce samedi matin. Lever de rideau sur une campagne électorale
(1) qui s’annonce comme un « choc » entre l’ancien maire de notre bonne ville… Xavier Darcos et son vainqueur
Michel Moyrand.

Il faut maintenant faire face à la presse... Michel Moyrand (
PS) vient de remporter la mairie de Périgueux
Christian (2) ne voulait en aucune façon perdre une miette du passage obligé du ministre par notre bonne vieille place du Coderc. Il avait fait le tour des popotes pour nous dire qu’il y serait au milieu de la matinée. Il fixa d’office notre point de rendez-vous pour un simple café chez
Marie Deleporte (
Fée Maison ) estimant que c’était, en terrasse, un excellent point d’observation sur les deux accès possibles : la place de la mairie ou la rue des Chaînes. Heure impérative : dix heures quinze.
Si le temps se voulait incertain, la visite était assurée. Le spectacle pouvait débuter.
A l’heure dite nous nous retrouvions, Christian,
René,
Jean-Paul et
Alain.
Bernard ne pouvant se joindre à notre équipée. Honnêtement nous étions tout émoustillés par cet événement à consonance purement locale mais aux délices gaillards.

Xavier Darcos, alors ministre pour l'Éducation et François Fillon, Premier Ministre avec Yves Guéna, Jean-Paul Daudou (tous les deux à droite) et bien d'autres, lors de la campagne pour les élections municipales de 2008 à Périgueux
Christian avait acheté la presse locale et nous fit sa « revue de presse » :
Malgré le monde qui se bouscule dans sa maison, Marie nous sert les « expressos » tant attendus. Nous les avalons presque d’une traite, comme des gamins qui se languissent du Père Noël. Le marché est à son zénith. Les affaires semblent reprendre. Christian qui a invité ses petits enfants à déjeuner dimanche nous propose — après le passage du ministre — de faire les emplettes avec lui. Histoire de prendre le pouls de ses « fournisseurs ». Mais, attention, ici la politique est discrète, sans signature. Il faut décoder plus un signe de la tête, un regard, que les propos échangés. Tout est dans le non-dit.
Il devait être presque dix heures trente quand il y eut un frémissement du côté de la mairie, vers la Halle. Ni une, ni deux, nous voici debout. De vrais gamins vous dis-je. Au milieu des commerçants nous devinons, de dos, Xavier Darcos. Il est pas seul, loin s’en faut. Son épouse
Laure est là, tout sourire.
Philippe Cornet, le leader de l’opposition investi au soir de la défaite pour reconquérir le fief municipal n’a de cesse de serrer des mains. Le cortège est au complet : les conseillers municipaux hier encore dépités du départ de leur gourou jouent la « vieille garde » au soir d’Austerlitz.

Xavier Darcos le soir de la défaite aux municipales de 2008, remercie Laure, sa femme, visiblement émue et ses amis, comme ici Michel Lopez à sa droite
Du côté de la fromagerie
Thieullent les bras se tendent, les langues se délient pour déplorer la chute « d’un enfant du pays. » Voici Xavier Darcos interpellé :
Et ce dernier de répondre :
Deux pas de plus et une passante ébahie renchérit
. Et ce dernier de dire :
Et de se retourner en cherchant Philippe Cornet, le saisit et le ramène vers la dame :

Philippe Cornet (
UMP), avocat et chef de file de l'opposition municipale à Périgueux
Arrêt devant le bar «
La Truffe ». L’ancien maire n’a rien perdu de sa séduction il salue tout le monde et se rappelle du patron,
Pascal Mesmin.
Regrattiers et producteurs ne refusent pas la poignée de main tendue.
Et Christian de se retourner :
René est dubitatif mais respectueux, il se retrouve à serrer la main du « Ministre » :
rétorque Alain, un inconditionnel qui a bien connu le père de Xavier Darcos quand il était adjoint de
Guéna,
Tout le monde s’embrasse, se congratule, se rassure. Le cortège passe au milieu du marché et suspend un instant les regards interrogatifs, admiratifs ou, pour quelques uns plus distants.
L’horloge de la bourse du « Coderc » est suspendue. On fait du coude à coude, on se pousse pour voir ou dire un mot à « Xavier ».
Une note de blues parfois fait jour, bien vite étranglée par « Les grognards » qui sont tout rayonnant de cet accueil.
On se croirait presque au col de Laffrey, le 6 mars 1814, quand le
Maréchal Ney devait arrêter l’
Empereur Napoléon de retour en France. C'est là que se déroula à la « Prairie de la Rencontre », ainsi nommée par
Stendhal, la fameuse scène immortalisée par le peintre allemand
Steuben : Napoléon ouvrant sa redingote s'avance devant les soldats royalistes et leur crie :
Les soldats se rallièrent.
Un couple dont le visage nous est connu se murmure :
Et tout ce beau monde s’engouffre dans la rue Limogeanne direction l’hôtel de la préfecture où, selon Christian, il va remettre la médaille du mérite à une de ses anciennes adjointes,
Marie-Christine Sanjuan :
Et René de compléter :
Comme prévu Christian fait ses emplettes. Nous le suivons. Le voici avec
Christian Laparre dont la famille est présente sur la place depuis un demi siècle. Les moustaches avenantes on l’entend de loin vanter ses produits. Tout en honorant la commande de Christian il s’épanche peu :
Nous allons sous la halle, chez
Pascal et
Dominique Florenty.
dit Christian,
Pour le couple de charcutiers
Nous quittons la halle et Christian nous amène chez un vieux briscard du marché,
Roland Canler.
Arrivé Christian tâte son copain :
répond Roland,
Enfin, c’est l’achat du pain :
dit Bernard en tête de notre équipée et se frayant un chemin au milieu du marché
Christian l’a vu dans la presse :
On ne parle plus de nos impatiences du matin à l’idée de « voir Darcos » comme des enfants qui ont déjà ouvert le cadeau de Noël et reviennent vers leur vieille malle où sommeillent les vieux jouets usés.
Christian :
Et tous de reprendre :
Le temps s’est couvert, la « virée du ministre » n'est presque plus qu’un souvenir. Le quotidien a repris ses marques. Tout près, la famille
Dupuy, accoudée à la « rôtissoire » glane quelques échos car, bien évidemment, le ministre n’est pas passé les saluer
(3)… Jeanine vend ses huîtres et nous la saluons de notre petite table d’où la pluie va nous chasser.
Presque désemparé nous nous séparons. Chacun un peu sur sa faim. Nous nous accordons sur un point :
Avant de quitter mes amis et leur donner rendez-vous samedi prochain je leur confie :
Auteur : Pascal SERRE(1) Élections des Conseillers régionaux les 14 et 21 mars prochains.
(2) Pour en savoir plus sur les personnages voir les précédentes chroniques
(3) Christian Dupuy est maire-adjoint de Michel Moyrand, socialistePascal SERRERédacteur en chef :- JOURNAL DU PERIGORD
- DIRELOT
- DORDOGNE PERFORMANCES
| Membre :- Institut Montaigne (Paris)
- Fondation Terra Nova (Paris)
- Fondation de la France Libre (Paris)
|
Libellés : Le-cancan-du-Coderc, Michel Moyrand, Pascal-Serre, Philippe Cornet, Politique-Dordogne, Xavier Darcos Perigueux
Merci à l'auteur pour l'agréable moment que j'ai eu en lisant son cancan.
Je souhaite un prompt rétablissement à Jeannot le poète du Coderc et j'offre ma reconnaissance à notre ami Maurice Melliet qui l'a découvert et a été son protecteur durant toutes ces dernières années.
Toujours aussi interessant ces gentils cancans ...
Merci !!!